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L'Épée de Justice,
David Haziot et François Baranger

L’Epée de Justice n’est pas le début d’une série, c’est un roman BD complet en deux parties de 46 et 50 planches qui auraient pu faire deux albums, mais que les auteurs ont refusé de publier séparément, ce qui n’aurait eu aucun sens. Le prix de 25 euros est par conséquent vraiment attractif, compte tenu de la technique de mise en couleurs utilisée qui fait de chaque case comme une sorte de tableau de peinture ou enluminure médiévale.
L’action se situe au Moyen Age, dont les auteurs, surtout François Baranger, sont des amoureux passionnés. Racontée à la manière des romans de chevalerie, cette histoire imaginaire se déploie dans une reconstitution rigoureuse des débuts du XIIIème siècle. Armes, armures, heaumes, costumes, architectures, sont bien ceux de l’époque. On ne verra pas ici, comme trop souvent, un casque ou un bassinet de la Guerre de Cent ans à l’époque Saint-Louis !
Comme dans leurs romans BD précédents, les auteurs ont combiné exactitude historique du décor et fiction pleinement libre dans les limites du temps. David Haziot a mis son talent de romancier historique pour conter cette histoire, et François Baranger a su restituer, en peintre, les infinies nuances des ciels, des paysages marins et des forêts de Bretagne, sans parler des scènes de combat dans les règles du Jugement de Dieu. Certaines séquences en sont magiques.
Enfin, avec Thomas Chedeville à la colorimétrie, Alexandre Lourenço à la maquette, et les imprimeurs Delabie en Belgique, les éditions Orliade, ont tout fait pour donner aux dessins un maximum de respiration sur la page, en réduisant les marges blanches au maximum, pour permettre aux lecteurs et lectrices une immersion complète dans cet univers de légende.
Les auteurs
David Haziot (texte)
David Haziot, écrivain, est auteur de romans, biographies, essais, et en collaboration : bandes dessinées et théâtre avec Cliff Paillé. Il a été distingué par le Prix du roman historique pour Le Vin de la Liberté, un Prix de l'Académie française pour son Van Gogh, et le Prix Goncourt de la Biographie pour Le Roman des Rouart. D'autres ouvrages dont une biographie de référence de Gauguin en 800 pages (Fayard) et un roman féministe, Elles (Autrement), sur la fin du matriarcat en Méditerranée au néolithique. Il a publié avec son compère et ami François Baranger, deux romans BD. L'Or du Temps en trois tomes (Dargaud), et L'Insoumise en deux albums (La Mare aux Loups). David Haziot a une passion pour les arts, la peinture, le féminisme, l'Histoire, et les grands vins, les romans d'amour passionnés et les récits intenses qui se dévorent.
François Baranger (dessin)
François Baranger s'est d'abord plongé dans des études de céramique à l'Ecole des Métiers d'Art et a longtemps enseigné le dessin d'art en lycée. Mais sa passion est la peinture et le dessin. Il expose régulièrement ses toiles. L'Italie du Quattrocento, Gustave Moreau, l'impressionnisme et une forme de surréalisme onirique ont inspiré son art.
En BD, un dessin élégant, incisif, qui ne laisse aucune place au bavardage plastique, se déploie brusquement en images surréelles d'une grande puissance comme dans L'Or du Temps, L'insoumise ou L'Epée de Justice. Enfin sa couleur garde l'éclat somptueux de ses débuts en céramique.
En peinture de même, il passe de paysages réalistes et brillants, comme scannés (un réel presque halluciné), à des images qui font revivre des thèmes mythologiques sous une forme onirique et poétique.
François Baranger est un rêveur définitif qui a su se donner les moyens de ses passions. Une fascination pour le Moyen Age qui va jusqu'à la fabrication d'armures à partir de plaques de tôle, est à l'origine de L'Epée de Justice.
L'Insoumise I,
Les Eaux de Lune,
David Haziot et François Baranger
Après avoir publié avec un beau succès L’Or du Temps, aux éditions Dargaud, en trois albums, qui redonnait vie au mythe d’Orphée et Eurydice dans le cadre de l’Egypte ancienne, David Haziot et François Baranger ont voulu changer de thème et d’époque. Or, que faire après l’amour absolu d’Orphée ? Et ils pensèrent naturellement à l’envers tout aussi fou de cette dépossession de soi : la jalousie amoureuse, le thème d’Othello. Et quelle meilleure époque que celle de l’Italie de la Renaissance, pour situer ce type de folie ? Ainsi est né le roman BD L’Insoumise en deux tomes.

Le premier, Les Eaux de Lune, raconte, dans le décor restreint d’un duché imaginaire en Italie du Nord, avec une sorte de Léonard de Vinci aux manettes techniques, la jalousie devenue folle d’un personnage. David Haziot nous fait vivre les étapes de cette passion portée au délire, et il s’est inspiré notamment d’une image surréaliste tirée d’un roman gothique pour la scène finale. François Baranger a restitué avec rigueur le cadre de la Renaissance italienne vers 1514, costumes magnifiques, architectures, cités, lac la nuit, intérieurs du palais ducal, avec l’élégance de dessin, le raffinement du Quattrocento dont il est un admirateur fervent.
Récit à la progression subtile, où rien n’est au hasard, tout en intériorité, L’Insoumise peut surprendre dans l’univers de la BD où souvent les passions simples, voire simplistes, sont la règle. Peu importe. Ce roman de la jalousie où le sexe, l’amour, la beauté, la générosité aussi, sont de mise, une sorte d’opéra en images, séduira les amateurs de drames où la complexité des passions humaines se donne libre cours.

L'Insoumise II,
Marignan,
David Haziot et François Baranger
Marignan, le second tome de L’Insoumise, s’ouvre sur la grande histoire, avec la bataille de Marignan, victoire éclatante dans l’Italie du Nord, de François 1er et de ses alliés contre l’infanterie suisse réputée invincible. Mais si les hommes règlent leurs comptes sur le champ de bataille, les femmes ont charge de vie qui doit l’emporter sur la mort. Après les drames engendrés par la jalousie, l’heure est au retour à l’ordre, malgré les difficultés que la grande histoire et ses suites, ses dévastations, vont susciter sur ce chemin.
Ce deuxième tome, seconde partie d’un même roman, montre des séquences magnifiques, tant dans l’évocation des combats de Marignan, que lors de scènes masquées de confidences entre femmes sur les canaux de Venise qui, de nuit, peut servir aussi de décor aux règlements de comptes les plus sordides.
On ne donnera pas la fin de cette saga de l’amour, ses ombres, ses lumières. David Haziot et François Baranger, aussi épris l’un que l’autre de l’Italie de la Renaissance, ont signé là un roman d’une grande originalité et d’une poésie dramatique et plastique certaines.